Open/Close Menu Dynamique Congolaise de Réflexion et d’Actions Innovantes

L’asbl DC RACIN a organisé le samedi 16.03.2019 une conférence-débat autour du thème « Présidence Tshisekedi, bientôt 100 jours : Quelles perspectives pour la RDC ? ». Celle-ci s’est tenue à l’UCL avec la participation du Professeur J.-P. TSHIBANGU, du service de Génie Minier de l’université de Mons, de Monsieur Boniface MUSAVULI, juriste et analyste politique et de Monsieur Brock Isaac MUHAMBYA, juriste et militant du mouvement citoyen LUCHA. La modération en a été assurée par Madame Louise NGANDU, politologue et Femme de paix 2012.

Cette rencontre a été un moment d’échange autour du processus électoral que vient de traverser la RDC. Un processus qui a permis à tous les observateurs de la scène politique congolaise de réaliser combien grandes étaient les aspirations des congolais pour une réelle rupture avec le système Kabila et pour l’instauration d’un véritable Etat de droit qui garantit la justice sociale et l’amélioration des conditions de vie des congolais.
L’objectivité et la qualité des analyses proposées par les différents intervenants ont participé à rendre ce débat enrichissant et serein. Nous saluons également le respect mutuel avec lequel se sont exprimés les opinions des uns et des autres.

Que retenir ?
1. Le processus électoral congolais a eu un coût humain très élevé que l’on ne peut tout simplement pas ignoré : plus de 300 civils tués lors des manifestations, deux agents de l’ONU assassinés et des conflits meurtriers impliquant les forces de sécurité congolaises. C’est le peuple congolais qui a arraché l’organisation de ces élections. Par ailleurs, ce processus a créé d’importants précédents juridiques qui ont souvent violé la Constitution et qui pourraient hélas impacter sur les prochains processus électoraux congolais.

Un processus de rupture est en marche

2. A ce stade, il est prématuré de parler d’alternance. En effet, avec la configuration politique actuelle, la plateforme de Joseph Kabila conserve tous les leviers du pouvoir et les élections de 2023 pourraient permettre un retour en force de Kabila à la présidence. Dans ce cas de figure, il n’y aura pas eu réellement alternance en RDC. Cependant, en considérant que c’est la mobilisation populaire qui a forcé le régime Kabila à organiser les élections et que le peuple congolais a clairement exprimé son rejet de ce régime, nous pouvons conclure qu’un processus de rupture est déjà en marche. Le peuple sait ce qu’il veut aujourd’hui : le changement ! Par ailleurs, pour Boniface MUSAVULI, l’avenir du “deal” entre CACH et le FCC pourrait déboucher soit sur une neutralisation mutuelle de Tshisekedi et de Kabila, soit sur un affrontement des deux leaders ou enfin sur l’absorption de CACH par le FCC.

3. Pour le professeur TSHIBANGU, les richesses du Congo sont une réelle opportunité pour le développement du pays, à condition que les congolais se dotent de la meilleure expertise pour défendre leurs intérêts dans le domaine minier et dans tous les autres domaines. Et cette expertise est une urgence tant l’économie du Congo reste encore aujourd’hui très largement dépendante de la bonne ou de la mauvaise santé de son secteur minier et de la demande mondiale en minerais. Le Congo ne peut se développer sans le reste du monde, quelle que soit la richesse de son sous-sol.

Les richesses du Congo sont une réelle opportunité pour le développement du pays.

4. La LUCHA n’a pas manifesté un optimisme débordant à propos de la réalisation des promesses électorales exprimées par Felix TSHISEKEDI lors de sa campagne électorale. En effet, pour Brock MUHAMBYA, le système dans lequel se trouve la RDC est un système corrompu qui a précédé Kabila, que ce dernier a perfectionné pendant des décennies et dans lequel Felix TSHISEKEDI est entré. Et pour lutter contre ce système qui gangrène la société congolaise, une véritable conscience collective est nécessaire : le peuple doit connaître ses droits et doit exiger de ses administrateurs de s’acquitter de leurs devoirs. Dans cette perspective, elle vient de créer un outil pour évaluer l’action publique de Felix TSHISEKEDI au regard des promesses faites aux populations congolaises : la « fatshimétrie ».

5. Plus que jamais le Congo a besoin d’UNITE et cette unité est nécessaire pour poursuivre sa longue marche vers son développement. Aussi, l’impunité ne peut se justifier, à quel que niveau que ce soit, car elle ne concourt pas à l’édification d’un Etat de droit.

6. En guise de conclusion, DC RACIN a d’une part insisté sur la nécessité pour les congolais de croire en eux et de rejeter avec force certaines affirmations fausses que l’on tente d’inscrire dans leur inconscient en les répétant inlassablement et en les faisant passer pour des évidences établies. Par exemple, « le Congo est beaucoup trop grand pour les congolais », « les richesses du Congo sont une malédiction », ou encore « le Congo n’avance pas ». D’autre part, au vu de tout ce qui a été dit lors de cet échange, il apparaît que la RDC est véritablement engagée dans un processus de rupture, certes long et difficile, mais où tout n’est ni noir, ni blanc !

Une véritable conscience collective est nécessaire pour espérer une rupture.

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