« LA JEUNESSE AFRICAINE FACE AUX DÉFIS DE LA DÉMOCRATIE »
Depuis deux ans, les processus électoraux présidentiels replongent l’Afrique subsaharienne dans une période mouvementée, trouble et dans certains cas tragique.
Dans certains pays, comme c’est le cas en République Démocratique du Congo, les régimes ont eu recours à d’ingénieux stratagèmes pour se maintenir au pouvoir tordant au passage le cou aux prescrits de leurs constitutions. Dans d’autres pays, les processus électoraux ont été entachés de nombreuses irrégularités rendant les résultats des élections peu crédibles. Ces situations continuent malheureusement à maintenir les pays concernés dans des crises de légitimité récurrentes dont les populations sont lasses.
La jeunesse qui représente la majorité de la population est de plus en plus revendicatrice de changement, de meilleure gouvernance et de mieux vivre. Elle s’organise en véritables mouvements citoyens, avec plus ou moins de succès sur le continent.
La Communauté Internationale, démystifiée par cette nouvelle génération d’africains qui s’informent abondamment grâce aux réseaux sociaux, est également pointée du doigt au vu du soutien qu’elle apporte à certains dictateurs africains pour des raisons d’ordre purement économique ou stratégique. Au regard de ces jeunes, elle navigue à contre courant des aspirations légitimes des populations africaines à la liberté, à la dignité et à l’Etat de droit.
Avec l’aide d’experts et d’acteurs de terrain, DC RACIN vous propose une rencontre d’échange où nous espérons donner la parole aux jeunes de la diaspora africaine de Belgique.
Quelques idées fortes partagées …
Thème 1 : REGARDS SUR LES PROCESSUS ÉLECTORAUX EN AFRIQUE CENTRALE DEPUIS LES DÉMOCRATISATIONS DES ANNÉES 1990 : AVANCÉES ET RECULS.
(Par Mme Louise NGANDU – politologue)
Partant d’une identification de grands bouleversements sociaux, politiques et économiques qui ont secoué le continent africain depuis les indépendances, madame Louise NGANDU nous a proposé une analyse qui démontrent comment ces derniers ont conduit aux aspirations des peuples africains à un mieux-être et à la démocratie dans les années 1990.
Bien que la perception populaire actuelle soit une insuffisance d’ouverture démocratique par rapport aux attentes, madame NGANDU a néanmoins nuancé cette perception en mentionnant quelques avancées et reculs observées dans ce processus de démocratisation des pays d’Afrique centrale.
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Thème 2 : LES PROCESSUS ÉLECTORAUX ACTUELS EN AFRIQUE CENTRALE : PIÈGE POUR LES JEUNES DÉMOCRATIES ? – Moyens de réappropriation des processus électoraux par les jeunes africains ?
(Par Mme Cécile KYENGE – Députée européenne pour l’Italie)
Madame Cécile Kyenge a rappelé que les élections sont avant tout un processus administratif long dans lequel le vote n’est qu’une étape ultérieure. Parler de processus électoral sous-entend ainsi tout ce qui est mis en œuvre pour que les élections se passent correctement.
De ce fait, pour renforcer la crédibilité de tout le processus, les partis d’opposition et la société civile ils doivent s’impliquer à chaque étape du processus. Cette implication doit être au niveau de l’administration locale, responsable de la tenue du registre d’état civil, au niveau de l’administration nationale, avec la commission électorale indépendante et le Parlement et enfin au niveau juridique, en veillant à la probité des membres de la Cour constitutionnelle.
De son point de vue, les processus électoraux ne sont pas des pièges pour les jeunes démocraties mais il revient aux citoyens de s’impliquer davantage pour en contrôler les différentes étapes.
Enfin, tant que l’Administration dysfonctionnera dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, les processus électoraux perdront en fiabilité et en crédibilité. Le renforcement des capacités des institutions sont une urgence pour dans le processus de démocratisation des états africains.
Thème 3 : UNE JEUNESSE AFRICAINE EN MARCHE : COUP D’ŒIL SUR LES MOUVEMENTS CITOYENS
(Par Dr Didier KAMIDI – DC RACIN asbl)
Cette intervention avait pour objet de brosser un tableau succinct des mouvements citoyens africains et de les replacer dans le contexte actuelle d’aspiration forte d’une jeunesse en quête de mieux-être, de mieux-vivre et du respect de la Constitution. Le caractère continental de ce militantisme citoyen des jeunes africains a également été évoqué, faisant écho au militantisme en faveur du panafricanisme des années 1960-70.
Quelques forces et faiblesses de ces mouvements citoyennes ont enfin été pointées du doigt. Pour terminer cette présentation, des visages et des noms ont été mis sur des jeunes congolais engagés, victimes de la répression de la police ou l’armée.
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Thème 4 : DEFIS DES MOUVEMENTS DES JEUNES DANS LE CONTEXTE CONGOLAIS – ATTENTES PAR RAPPORT AUX JEUNES DE LA DIASPORA DE BELGIQUE
(Par Mr Floribert ANZULUNI et Mr Carbone BENI)
Dans cette dernière intervention, Floribert ANZULUNI et Carbone BENI du collectif FILIMBI (l’un des mouvements citoyens de la RDC), ont pointé du doigt les principaux défis quotidiens inerrants à leur engagement citoyen :
1. Faire face à un régime dictatorial qui tue dans l’œuf toute initiative des jeunes et toutes les valeurs de l’engagement citoyen des jeunes.
2. Survivre dans un environnement extrêmement répressif. Cette répression revêt multiples visages. La plupart du temps, c’est la police, les militaires et les services de renseignement qui sont utilisés pour faire taire toute dissidence. Parfois, le pouvoir met tout en œuvre pour couper toutes les ressources financières du militant. Enfin, l’instrumentalisation de la justice est également une armée puissante pour dissuader les militants dans leur engagement.
3. L’insuffisance voire l’absence de ressources financières pour le bon fonctionnement du mouvement.
Enfin, l’une de principales attentes des mouvements citoyens africains est la création des ponts entre les jeunes de la diaspora et les jeunes du continent africain.
